France : la pollution tue deux fois plus de personnes qu’on ne le pensait

On a tendance à l’oublier, mais l’urgence de la question climatique ne s’explique pas seulement par la volonté de protéger l’environnement, de sauvegarder la biodiversité et de maintenir un certain équilibre écologique. La pollution de l’air est aujourd’hui responsable de la mort de près de 9 millions de personnes dans le monde chaque année…

Les particules fines, le dioxyde d’azote et l’ozone tuent plus que la cigarette

Maladie cardiovasculaire, décès, obsèques, remercier après les condoléances, deuil… l’épreuve brutale du décès prématuré devient de plus en plus fréquente avec l’aggravation de la pollution atmosphérique. Selon des chiffres alarmants publiés dans la revue European Heart Journal, près de 800 000 personnes perdent la vie chaque année en Europe à cause de la pollution de l’air, principalement à cause de maladies cardiovasculaires causées par l’inhalation quotidienne et sur une longue durée de CO2.

En France, on estime qu’un décès sur 1 000 est attribuable à la mauvaise qualité de l’air que l’on respire… c’est plus que la mortalité induite par le tabac. Mais si on peut éviter de fumer (ou de s’asseoir à côté de fumeurs pour éviter les dégâts du tabac passif), on ne peut pas éviter d’être soumis à un air pollué, à moins d’avoir les moyens de changer… d’air.

Les chiffres d’une étude publiée par un collectif de chercheurs de l’Université de Mayence (Allemagne) démontrent que les estimations de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) concernant les décès annuels attribuables à la pollution de l’air étaient sous-évaluées. L’AEE chiffrait les décès liés à la pollution atmosphérique à 518 000 décès prématurés par an en Europe, alors que le « vrai » chiffre se situerait plutôt autour de 790 000. En cause notamment : particules très fines, dioxyde d’azote (émis par les moteurs diesel) ainsi que l’ozone.

L’Allemagne et les pays de l’Europe de l’est particulièrement touchés

En appliquant les mêmes méthodes statistiques à l’échelle planétaire, les chercheurs de l’Université de Mayence aboutissent au chiffre astronomique de 8,8 millions de décès prématurés causés par l’inhalation des gaz mentionnés plus haut. Pire : la Chine, dont les usines et autres installations industrielles tournent à plein régime, subit chaque année près de 3 millions de décès prématurés à cause de la pollution atmosphérique qui atteint des records dans les grandes métropoles comme Pékin et Shanghai.

En moyenne, on compte quelque 120 décès prématurés causés par la pollution atmosphérique pour 100 000 habitants à l’échelle planétaire. L’Europe dépasse la moyenne (133 décès prématurés dus à la pollution de l’air) à cause de forte densité de population ainsi que de la piètre qualité de l’air, notamment en Europe de l’est (Roumanie et Ukraine, notamment, pays où de nombreux pays de l’Europe de l’ouest délocalisent leurs usines). L’Allemagne est également épinglée par le rapport qui estime à 105 pour 100 000 le nombre de décès prématurés pour cette même cause. La France affiche un taux inférieur à la moyenne européenne (105 décès pour 100 000 habitants), devant le Royaume-Uni (98 pour 100 000).

S’il fallait sortir avec une seule conclusion de cette étude, c’est dans doute celle-ci : le lien positif qui existe entre la prévalence des maladies cardiovasculaires et la pollution de l’air a longtemps été sous-estimé. La communauté scientifique et les nombreuses études cliniques qui se sont intéressées aux retombées négatives de la pollution atmosphérique sur la santé avaient pour point focal le lien entre l’inhalation des gaz nocifs et la prévalence de certains cancers, notamment le cancer du poumon, ou encore les maladies de l’appareil respiratoire. Or, il semblerait que l’organe le plus impacté par la pollution de l’air soit le cœur.

De son côté, une étude publiée par la revue médicale The Lancet explique que la pollution (sous toutes ses formes cette fois-ci) tue trois fois plus que le Sida et quine fois plus que toutes les guerres actuelles réunies… un constat accablant qui ne laisse droit à aucune tergiversation.